Blake & Cameron ♥

« Best is yet to come »

CRÉDIT - CSS

Parfois, à une vitesse incroyablement hallucinante, le fruit de l’ironie peut toujours atteindre son paroxysme !

Depuis quelques semaines, le chasseur clandestin eut décidé de changer son mode de vie dans lequel, depuis des années, il était resté confortablement bien niché. (D’où l’ironie; parce que avant cette semaine, la chasse fut, de jadis à maintenant, sa raison d’être.) Il avait besoin de vacance, sinon, il finirait par perdre le nord. Traqué des vampires imaginaires, il y a de quoi vous enivré d’ennui le cerveau. Sa routine devenait platonique, sitôt, dangereusement platonique. Il guettait une menace inexistante, espérant l’improbable alors qu’il savait, pertinemment, qu’une syncope l’attendait malicieusement dans le détour. Son train-train quotidien battait sérieusement de l’aile, lors de ses patrouilles nocturne, il ramassait amplement de déception mais embrochait que très rarement des vampires. BREF ! Il avait besoin de vacance…

Blake eut caressé cette idée durant bien longtemps, maintenant, il mettait ses songes à exécutions. Seulement, il n’était pas riche, en conséquent, il ne pouvait s’offrir un séjour à Acapulco, soupçonnant l’irréversible : ce voyage serait sa traverser sur le seuil de l’enfer…et BIM ! c’est son pauvre portefeuille qui s’en prendrai un sacré coup. Être à la rue ? Non merci.

Pour esquiver une fin à foison douteuse et décevante, Blake anticipa tant bien que mal que Mystic Falls pouvait être une ville sympathique et divertissante. Ce soir, il avait décidé de venir "relaxer" au Grill. Ce n’était pas l’endroit plus fantastique de la planète mais au moins l’alcool saurait tétaniser ce blase alarmant qui le grugeait inlassablement et dangereusement de l’intérieure.

Et il était donc là. Les traits du visage impassible et interdit, comme à l’usuel, assit sur un tabouret quelconque avoisinant le comptoir du bar, sirotant mélancoliquement son verre de bière.

Quelle soirée de m*rde !

Un retour à Mystic Falls plutôt mouvementé. Enfin, on pouvait croire que rentrer au bercail après des années et des années d'absences ne changeraient absolument rien à la petite routine qu'il y avait auparavant, qu'une fois de retour tout redeviendrait pareille. Grossière erreur. Il va sans dire que Cameron elle-même avait eu cette pensée; qu'elle retrouverait son père, qu'elle croiserait nombre de vielles connaissances, qu'une petite vie bien tranquille s'installerait. Certes, elle avait revu son père - des retrouvailles plus ou moins enthousiastes -, elle rencontra des visages familiers, mais sa vie n'avait rien de tranquille. Son nouveau travail occupait une grande partie de son emploi du temps. Elle avait dû faire très rapidement un plan de cours pour l'année et elle devait presque à chaque soir s'organiser afin d'être préparé pour les classes du lendemain. Son côté désorganisé semblait persister malgré toute la maturité qu'elle put acquérir avec les années. Mais Cam adorait son boulot et elle ne se sentait pas pour autant sous pression.

Enfin, depuis qu'elle s'installa définitivement en ville, elle n'eut pas un seul moment de repos. Le travail s'accumulait alors qu'il ne semblait pas y avoir suffisamment d'heures dans une seule journée pour tout accomplir ! Pourquoi ne pas prendre une soirée de repos ? Une petite et une seule soirée à ne rien faire, à tout simplement boire un verre ? Comme cette perspective était alléchante ! Et il ne lui fallut pas bien longtemps pour que Cameron succombe à cette merveilleuse idée.

Le Grill. Il y avait plus de dix ans qu'elle y avait mis les pieds et une vague de nostalgie la submergea alors qu'elle franchissait la porte de l'endroit. Un léger sourire flottait sur ses lèvres alors qu'elle scrutait la salle de son regard analytique, constatant qu'il avait bien changé depuis le temps. Enfin, la clientèle semblait tout aussi diversifié, mais la décoration était beaucoup plus moderne et beaucoup plus chaleureuse également. Toujours en contemplation de cet antre, Cam rejoignit le bar où un homme y était déjà installé. S'assoyant elle-même au comptoir, laissant un seul tabouret entre l'inconnu et elle, Cameron retira sa veste de ses épaules et, lorsque le barman se trouva à ses avants, commanda:

- Une bière, s'il vous plait.

Explorant un point imaginaire dans le creux de son verre à moitié vide, Blake s’apprêtait à boire sa dernière gorgée de bière lorsqu’une voix douce et suave fit vibrer ses tympans, le pétrifiant dans une immobilité rassise et immuable.

Soudain médusé de cette voix qui semblait ressortir de l'au-delà, Blake commença à se poser de sérieuses questions.

Est-ce qu’il divaguait ?

……???

Non. Cette voix, il ne pouvait la méconnaître… Impossible. Ce timbre évoquait beaucoup trop de sens et d’évidence pour n’être qu’une déplorable illusion.

Sa tête pivota à demi, là où son regard vint rencontrer une figure plus que familière… Un visage que même le plus accabler des hommes serait désarçonner d’apercevoir dans un tel contexte où les probabilités s’avouaient si maigres et superflues. De ses grands yeux sombres, Blake examina consciencieusement les traits du visage de la brunette. Il étudiait chaque parcelle de cette figure de porcelaine où la candeur brasillait chaque ligne de ce derme à la fois livide dont les jolies pommettes fardé rouge pivoine détonnaient sur l’éclat opalin. Indemne. Malgré toutes ces années écoulées, malgré leur jeunesse envolée, malgré le temps fugitif qui eut affermit et ragaillardit son expression familiale, sa figure était resté indemne…identique à ce que Blake eut calqué et pontifier dans l’abysse de ses souvenirs les plus précieux.

Bien qu’il ne pouvait la voir que de profile, les mèches brunâtre de sa chevelure venant quasi entièrement camouflé sa figure, Blake était persuadé que cette demoiselle qu’il considérait avec autant d’insistance s’avérait à être……

- Cam ? demanda-t-il, la voix chevrotante d’incrédulité mal contrôler alors que son regard dubitatif se consuma d’ébahissement et que son visage se décomposait peu à peu de son état léthargique.

Une sensation étrange et familière tout à la fois l'envahit au moment où elle entra au Grill et elle l'habitait toujours. Nonchalamment assise au bar, elle contemplait d'un oeil charmé la nouvelle décoration qu'arborait l'endroit après toutes ses années. Le propriétaire savait sans aucun doute attirer la clientèle; malgré la soirée encore jeune, la salle contenait déjà plusieurs personnes, la plupart assis en groupes aux tables disposées un peu partout. Elle se demandait bien si la nourriture y était toujours aussi bonne qu'à l'époque...

Alors que Cameron divaguait dans ses songes du passé, le barman revint vers elle afin de lui porter la boisson qu'elle avait commandé une petite minute plus tôt. Le service y était toujours très agréable, un point de plus pour le Grill ! Elle remercia l'homme derrière le comptoir, un merci accompagné d'un petit sourire poli, et avant même qu'elle n'ait la chance de trempé ses lèvres dans son verre, une voix l'interpella. Aussitôt, la brunette tourna la tête à ses côtés, vers le seul autre client posté au bar. C'était bel et bien cet homme qui l'avait appelé par son surnom, un homme assez costaud, large d'épaule, le visage fin, les cheveux bruns et des yeux tout aussi sombres, mais flamboyants et remplis de surprise. Ce sont ses prunelles qui rendirent Cameron perplexe, car elle ne parvenait pas à replacer ce visage dans sa mémoire, mais son regard lui disait un petit quelque chose... Fronçant délicatement les sourcils, elle s'interrogea sur l'identité de cet homme et également comment il pouvait connaître non seulement son prénom, mais son surnom.

- Oui ? Dit-elle d'une voix quelque peu incertaine. Je suis vraiment désolé, mais... Nous sommes-nous déjà rencontrés ? Votre visage... m'est familier.

Elle étira un petit sourire incertain au coin de ses lèvres, ayant la crainte d'être impolie. Elle ressentait également une certaine gêne, car il semblait l'avoir reconnu aussitôt alors qu'elle tentait toujours de se remémorer à qui appartenait ces noirs prunelles. Malgré tout, malgré sa mémoire qui lui faisait défaut, ces dernières lui inspiraient une grande confiance ainsi qu'une chaleur et un bien-être incongru. Ils s'étaient rencontrés à quelque part, à un moment donné, il y a probablement des années, elle en était certaine... Mais quand ? Et comment ? ...

Désormais, le doute n’était plus. Avec amplement d’incertitude, la demoiselle eue tourné la tête en sa direction, lui dévoilant l’intégralité de son visage ivoirin et ainsi que ses grands yeux noisettes où le chatoiement d’une petite flamme d’incrédulité s’installait peu à peu. Ces prunelles le dévisageaient d’une perplexité apparente, ce regard, à la fois indécis et malaisé, il n’y avait que Cameron qui puisse l’affiché. Adolescent, à mainte reprise, Blake eut intercepté cette discrète locution…d’ailleurs, par dérision, il s’en était toujours amusé.

Et ce subtil sourire, tant polis que douteux, il n’y avait que les lèvres de cette dernière qui parvenait à s’étirer de la sorte ! Ce n’était pas compliqué, chaque mimique employé, chaque regard pontifié, cela éveillait d’innombrables souvenirs dans la cavité de son crâne inapte d’une quelconque résolution ou réflexion. 10 ans. 10 ans fut écoulé, 10 ans où ils furent séparé, privé de tout contacte, pourtant, ces incalculables années de divergions ne semblaient jamais avoir eu lieu ou même existé…

Incroyable !

Il restait là, pantois, aillant l’impression d’accomplir un bond dans le temps. De reculer des années et des années en arrière pour atterrir dans une époque où cette jeune femme et lui possédaient une humble et indéniable complicité. Une amitié pure, loyale et inébranlable. La nostalgie le prend de court, il ne parvenait pas à s’en répartir…

- À un certain moment, effectivement, on s’est déjà rencontrés, fini-t-il par formuler, visiblement conscient que ces paroles engendrai plus de confusion que n’importe quoi d’autre.

Le marbre du visage toujours aussi décalqué de stupéfaction, Blake s’éleva de son tabouret initial pour venir s’installer sur celui qui les séparait d’un simple mètre. Dans le mouvement, il eut fouillé dans la poche de sa veste de cuir pour y ressortir son portefeuille. Nonchalamment, soit plein de malice, il déposa son portemonnaie contre la surface du comptoir de bois.

- Mademoiselle Grant, je vous prie de jeter un oeil à l’intérieure…Une photos saura répondre à toutes vos questions….du moins, je crois.

Comment pouvait-elle le connaître sans se rappeler de son identité ? C'était une sensation tout à fait frustrante, elle avait la réponse sur le bout de la langue, mais elle ne parvenait pas à l'attraper. Cependant, elle ne pouvait certainement pas être blâmé; après toutes ces années à l'extérieur, après toutes ses rencontres à travers le pays, il était possible qu'elle ait oublié quelques visages. Non ? Enfin, peut-être que lui allait parvenir à éclairer son esprit, puisque pour le moment, Cameron pataugeait littéralement dans l'ignorance. De son regard toujours interrogateur, elle contemplait les moindres détails du visage de cet inconnu-pas-tout-à-fait-inconnu alors qu'un petit moment de silence s'installait entre les deux. Il semblait tout simplement subjugué par sa présence, ce qui ne faisait qu'accroître ses questionnements.

Finalement, après une longue attente qu'elle accepta avec patience et politesse - elle ne voulait certainement pas le brusquer ou l'importuner -, le brunet retrouva sa capacité de paroles, lui révélant qu'ils s'étaient effectivement déjà croisés dans le passé. Un point d'élucidé. Maintenant, il restait à savoir où elle avait aperçu ce visage et dans quel circonstance ? Avant que la réponse lui soit dévoilé, l'homme quitta son siège afin de s'asseoir sur celui qui les séparait. Ne bronchant jamais sa contemplation intriguée, elle attendit qu'il soit installé. Elle constata alors qu'il sortait de la poche de son manteau son porte-feuille. Avait-il l'intention de lui offrir un verre...? Mais non, elle se trompait, en fait, il voulait qu'elle le prenne et qu'elle l'ouvre... Il l'avait même appelé par son nom de famille ! Relevant les sourcils d'incrédulité, elle posa les yeux sur le porte-feuille de cuir, intriguée de découvrir cette fameuse photo. Cam releva brièvement son regard vers son hôte avant de le saisir d'une main fébrile et de l'ouvrir précautionneusement.

Si elle s'était attendue à ça ! Il fallut un certain moment à son cerveau pour procéder l'information, n'arrivant tout simplement pas à croire ce qu'elle observait à cet instant. Son visage se décomposa en une mine incrédule et nostalgique alors qu'une vieille image rapiécée prise il y a des années dans un photomaton affichait un portrait d'elle-même accompagnée de son meilleur ami du lycée. C'est à cet instant que le déclic se fit. Ses yeux jouaient à présent la navette entre la photo et l'homme à ses côtés. Sur l'image, il avait les cheveux longs, un chandail noir aux symboles de Black Metal et un visage beaucoup plus enfantin, alors que maintenant ses cheveux étaient courts, il portait des vêtements plus soignés et son visage apparaissait mature. Non... Impossible...

- Blake !? s'exclama-t-elle alors que ses yeux s'immobilisait finalement vers lui. Ses traits surpris se transformèrent soudainement en joie débordante, un large sourire s'étirant sur ses douces lèvres. Ces retrouvailles inattendues l'emplirent d'un bonheur qu'elle n'avait pas ressenti depuis des lustres ! Ne pouvant contenir son ravissement plus longtemps, dans une pulsion spontanée, elle sauta de son siège et enlaça son vieil ami dans une étreinte chaleureuse. Je n'arrive pas à y croire..., souffla-t-elle doucement.

D’une patience sournoise et malicieuse, Blake attendait posément que Cameron se saisisse de son portefeuille pour que, enfin, le doute ne vienne à s’envoler définitivement de cette paire d’yeux qui l’observaient avec d’innombrable point d’interrogation. Clairement, le chasseur clandestin savait que le blâme n’était pas de mise dans de telles circonstances. Il ne pouvait aucunement lui tenir rancune qu’elle ne soit pas dans la mesure de le reconnaître. Physiquement parlant, il avait changé, beaucoup changé, il le savait et la photo que la sorcière s’apprêtait à voir élucidait nettement bien cette évidence.

Comme si elle eue pressentit sa hâte, Cameron attrapa fébrilement son portefeuille qui gisait toujours sur la surface du comptoir. Il reposait maintenant sur les paumes de ses mains délicates alors que ses grands yeux incrédules jouaient systématiquement la navette entre son visage et le vieux cliché ternit et chiffonné par l’usure des années. La stupéfaction se lisait parfaitement bien sur les traits de Cameron, comme si elle n’arrivait pas à comparé l’image et sa figure. Tous deux, ils se rejoignaient sur ce point. Blake avait de la difficulté à y croire : Que sa meilleure amie d’enfance soit là, devant lui, c’était pratiquement trop beau pour être vrai. Ce hasard franchement inattendu l’amarrait dans une incrédulité à foison stupéfiante et édifiante. Il ne savait pas comment jonglé avec ces deux émotions que très rarement perçut chez sa personne…

Les yeux de Cameron s’étaient soudainement éclairés de cette lueur bien particulière, dans laquelle se reflétait l’image de l’ultime révélation mêlée à une joie débordante. Voilà, la connexion fut établie, Blake eut conscience de cette évidence lorsque la sorcière eue ponctué sa surprise en le hélant par son prénom. Sitôt, un subtil sourire s’immisça aux coins de ses lèvres, percevant les filaments d’un bonheur évanescent se tailler une petite place dans les fibres de sa moelle, procurant cette chaleur inattendue qui l’eut envouté systématiquement.

Sans qu’il n’ait le temps de murmurer quoique ce fût, Cameron, tout sourire, les yeux pétillants de bonheur, s’élança sur lui pour venir l’étreindre dans une tendre et chaleureuse embrassade. Les yeux écarquillés, Blake se figea sur place, le muscles soudainement raidis et crispés, d’instinct surprit d’un contacte aussi …intensément… amicale.

Lui et les contactes physiques...on s'épargne les détails...

- Tu n’as pas changée, susurra-t-il d’une voix partiellement inaudible alors qu’il finissait par se détendre un brin. Son sourire timide s’amplifia que davantage, se dégivrant de son immobilité passagère, ses bras vinrent finalement enveloppées le petit corps chétif de Cameron, la resserrant aussi chaleureusement qu’elle le faisait.

Sa réaction fut instantanée. Le doute s'était aussitôt envolé des yeux de Cameron laissant place à un bonheur immense et bienveillant. Jamais elle n'aurait pu deviner que son cher ami d'enfance aux allures de délinquants était devenu... un homme. Enfin, elle savait qu'il avait dû vieillir avec les années, mais jamais elle n'aurait cru qu'il serait méconnaissable ! Maintenant qu'elle se trouvait à ses avants, la culpabilité qu'elle ressentait depuis son départ de Mystic Falls semblait avoir totalement disparu, laissant place seulement à sa joie.

Bras entourant les épaules de Blake, Cameron souriait à pleines dents, le menton enfoui dans les creux de son épaule. Elle sentit le chasseur se raidir sous ses bras, ce qui l'a fit sourire davantage ! Elle n'avait certainement pas oublié cette incapacité à démontrer son affection de manière physique; étant petit, toutes les fois que Cam lui portait le moindre geste manifestant son amitié, il devenait aussitôt crispé, mal à l'aise. Et, de nature expressive et câline, la sorcière ne se retenait aucunement malgré les réticences de son ami, au contraire, elle s'amusait parfois de le voir aussi timide à l'idée d'un contact physique. Cependant, cette fois-ci, il sembla se détendre. Cam sentit même ses bras l'étreindre à son tour, lui transférant la même chaleur amicale et heureuse. Il était le même... tout en ayant étonnement changé. Elle devra rattrapé ses années de retard !

Ne désirant pas abuser de sa chance, la brunette relâcha son embrassade et s'installa sur son tabouret, les yeux pétillants. Apparemment, Blake trouvait qu'elle n'avait pas changé... Peut-être bien ! Elle n'avait pas vraiment remarqué sa propre évolution, elle était plus mature, plus responsable, certes, mais on ne change jamais vraiment au bout du compte. Elle acquiesça brièvement d'un signe de tête affirmatif avant de poser les yeux sur le porte-feuille toujours ouvert dans sa main.

- On ne peut pas dire autant pour toi, affirma-t-elle ironiquement avec un sourire taquin sur les lèvres. Elle avait toujours de la difficulté à y croire. Blake était devenu... très séduisant ! Il n'avait plus rien à voir avec le petit maigrichon blême et glauque de la photo. Son visage avait quelque chose de serein tout comme viril, ses cheveux courts lui allaient à ravir, dévoilant des traits fins et bien dessinés. Elle n'avait jamais eu la chance de constater sa beauté, son visage étant constamment camouflé derrière de longs rideaux de mèches sombres. Et, sous ce manteau, il semblait cacher un corps beaucoup plus développé, une carrure large et imposante. Blake était à présent une toute autre personne !

Cam se secoua un peu, ne désirant pas lui laisser croire qu'elle le décortiquait de la tête aux pieds, et lui tendit son porte-feuille en jetant un dernier coup d'oeil sur la nostalgie de leur enfance.

Typiquement Cameron. Tant physiquement que psychologiquement, elle n’avait pas changée : Toujours aussi expressive, toujours aussi pétillante et toujours aussi aimablement affectueuse ! Adolescent, Blake était régulièrement intimidé par la radieuse personnalité de son amie. Elle s’exprimait avec tant de geste affectueux, une joie communicative qui s’étale d’une aisance spontanée et d’un naturel authentique… un trait de caractère qui ne manquait jamais de le désarmer, d’ailleurs. Que cela soit un tendre sourire, une simple poignée de main, ou, encore, le moindre regard complice; tout, absolument tout chez Cameron est illustré dans l’exubérance d’un dynamisme prématuré où l’aube d’une maladresse quelconque n’y voit jamais le jour. Elle s’exprime avec tendresse, s’exclame avec hardiesse et s’active avec douceur et zèle mêler. Une fusion étrange qui fait de Cameron ce véritable petit cœur sur deux pattes.

Comment elle et lui étaient parvenus à développer une telle complicité alors que leurs traits de personnalités divergeaient amplement d’une quelconque similarité ? Franchement, Blake n’eut jamais trouvé une réponse à cette question. Seul le temps achevé et l’accoutumance eu construit cette inébranlable collusion. Sinon, ils ne seraient pas rendu là aujourd’hui, n’est-ce pas ?

Quoiqu’il en soit, d’un effort surhumain, Blake accomplit le geste ultime : Maladroitement, ses bras se replièrent contre les frêles épaules de son amie d’enfance, accomplissant le mouvement civilisé qui s’apparentait à… un câlin. Le dessous de son menton niché dans le creux de l’épaule de Cameron, les sourcils en circonflexe et les yeux exorbités, le traqueur clandestin se surprit à percevoir l’éclosion d’une profonde nostalgie apparaitre dans le creux de son être. Dieu qu’il s’était ennuyé d’elle !

Blake eu connaissance de cette impression lorsque Cameron eue emmené la trêve à ces embrassades. Limite désillusionné, parce qu’il aurait apprécié prolonger cette accolade, Blake observa laconiquement la petite brunette qui alla se rasseoir sur son siège. Soudain, la courte distance qui les séparaient semblait être une véritable division les éloignant que davantage….elle était trop loin et ce bref câlin n’eut pas suffi : 10 ans de séparation pour s’en tenir à un enlacement qui ne dépasse même pas les 10 secondes, voilà un déséquilibre assez percutant et Blake devient…………

HOLY CRAP ! Il devient sentimental.

D’un geste mécanique, les yeux perdus dans le vague, Blake attrapa d’un faible mouvement de la main le portefeuille que Cameron lui tendit. D’un œil moyennement conscient, encore éberlué par son trop plein d’émotion soudain, il observa la photo immortalisant les années folles de leur jeunesse.

Ah la belle époque !
Lui il avait l’air vraiment moche avec ces cheveux trop long, trop crasse et trop noir.

- Je faisais peur. À 30 ans, il était temps d'innové, hein ?, révéla-t-il en toute ironie alors qu’il se contemplait lui-même et Cameron sur le fameux cliché : Et toi tu étais magnifique. Ce maquillage glauque, ces cheveux crêpés et cette veste de cuir…Wow ! Le style black métal t’avantageait comme c’est pas possible, partagea ouvertement Blake avant de relever les yeux vers son ancienne copine de lycée, un sourire malicieux perché aux coins de lèvres.

Oh, comme elle avait espéré se retrouver à nouveau en sa compagnie ! Depuis le moment où elle franchit la sortie de la ville, Cameron eut tout de suite l'envie de rebrousser chemin et de rejoindre son ami si cher à ses yeux. Son seul et unique regret face à sa témérité d'antan fut de quitter Blake, sachant qu'elle était l'une des seules personnes à qui il faisait véritablement confiance et il semblait tellement déboussolé depuis le décès de ses parents... Qui ne le serait pas ? Elle aurait souhaité continuer de le supporter, de l'aider à surmonter cette pente afin de poursuivre sa route. Cependant, Cam fut heureuse de constater que malgré son absence, le grand brun s'en était sorti à merveille ! Enfin, il suffisait de jeter un oeil sur sa personne pour constater qu'il se portait beaucoup mieux qu'à son adolescence et qu'il avait retrouvé une raison de vivre. La chasse aidait certainement à digérer l'injustice à laquelle il fut victime, sans aucun doute. Chacun son échappatoire, chacun sa façon de guérir.

Et ce charmant, mais tout de même subtil, sourire qui apparu sur ses lèvres attendrit la sorcière qui était tout simplement bouleversée de joie par cette rencontre inattendue et profondément espérée. Cameron ne pouvait s'empêcher d'élargir elle-même un large sourire sur son visage, retrouvant après toutes ces années la légendaire complicité qui les unissait. Au premier regard, il paraissait tout à fait incongru que deux personnalités aussi convergentes se rejoignent avec autant d'aisance et de naturel, mais jamais Cameron ne prêta attention aux jugements d'autrui, jamais elle ne songea que leur amitié était improbable. Dès leur tout premier entretien, qui remontait à la petite école, la brunette se lia aussitôt à cet homme et ne se priva pas de le démontrer et de le dire à quiconque voulait l'entendre. Et même si au départ il semblait réticent à recevoir autant d'intérêt de la part d'une jeune fille extravertie et débordante d'énergie, elle ne le laissa jamais tomber et perça finalement cette épaisse carapace. Et les voilà aujourd'hui, plus de vingt ans plus tard, assis au bar à discuter de la belle époque comme s'ils ne s'étaient jamais quittés...

Le dos bien droit, elle observait alternativement ce vieux cliché d'eux-mêmes et le Blake moderne avec son air serein et charmeur. Il dégageait quelque chose... de différent... Et elle ne put retenir un rire amusé lorsque son ami commenta sa propre apparence à l'adolescence. Mais elle fut surprise d'entendre des compliments sur son propre style vestimentaire de l'époque, flattée par ses dires, mais également taquinée par le terme qu'il utilisa. Il l'a trouvait belle à l'époque ? Une révélation !

- Oula, black métal ? Je dirais plutôt rockeuse, c'était toi le métalleux, riposta-t-elle avec malice, avec une légère teinte rosée apparaissant sur ses joues. Elle l'observa du coin de l'oeil alors qu'elle goûtait finalement à la bière qu'elle avait commandé. Bon d'accord, j'étais tout aussi dark que toi ! Et cette veste, je la mettais tous les jours sans aucune exception, elle était usée jusqu'à la corde lorsque je m'en suis finalement débarrassé !

Cameron laissa échapper un rire moqueur face à ses manies d'adolescence et son style plutôt extravagant. Heureusement qu'ils avaient grandi et gagner un peu de bon sens, elle n'aurait pu s'imaginer coiffer de cette manière à tous les jours et maquillé avec dix pouces de crayons noirs sur les yeux ! Elle se demandait sérieusement comment elle faisait tous les matins pour toujours être aussi impeccable... Cam contempla un instant le visage du chasseur, regard brillant et nostalgique.

- Tu m'as manqué.

Surprenant mais si rassurant !
Mainte fois dans le passé, Blake eut appréhendé cette scène dont lui et Cameron adhéraient avec tant de quiétude et de désinvolture. Durant près de 10 ans, il avait été anxieux, redoutablement anxieux, s’inquiétant jusqu’à en devenir bouleversé, se questionnant sur ce qui allait se produire si lui et la sorcière viendrai à se retrouvés, un de ces jours. Lorsqu’on se fie à leur dernier entretient, entretient à foison péjoratif et bouleversant, où le dialogue primitif fut focalisé sur un au revoir que Blake percevait comme un ultime adieu, leur amitié en avait été menacée… dangereusement menacée. Par son propre dénie, qui s’avérait être de triste reproche, à la borne d’une grande amertume, Blake eut assaini leur complicité légendaire en proie d’un vestige indétournable mais pas pour le moins du monde anticipé. Le départ de Cameron, il ne l’avait jamais assimilé, en fait, il avait redouté de le faire, croyant que ce dessein finirait en aucun cas fécondé et disposé aux oubliettes. Il avait mésestimé les volontés de Cameron, préférant s’illusionné le total contraire : Jamais elle ne l’abandonnera. Jamais il ne sera seul…Jamais elle ne le quittera. Il s’était pris un violent coup à la figure lorsque Cameron lui eue annoncé son véritable départ de Mystic Falls. Cette pique de réalité lui avait laissé un goût amer dans la bouche, incapable de digérer une telle nouvelle, il avait littéralement pété les plombs. Il se souvient encore de leur toute dernière discussion, ces pseudos au revoir qui eurent été un piètre et redoutable fiasco… Il avait été égocentrique, puérile, tant odieux que méprisable… il avait été misérable, voilà tout.

« Tu ne peux pas partir…Tu ne peux pas. » avait-il supplié, le marbre du visage écarlate de colère alors que Cameron sollicitait la compréhension d’un soutient salutaire qu’un ami était supposé octroyer dans ce genre de circonstance. « Ce voyage, c’est le geste le plus stupide que tu n’auras jamais fait, Cam. Tu te retrouveras ridiculement seule, à pleurnichée ton désespoir sur ta misérable condition. » D’une inertie spectaculaire, Cameron avait tenté de lui faire entendre raison, malheureusement, cela c’était avouer être un échec total : « C’est insensé ! Tu ne trouveras rien, aucune réponse ne te sera livrée là-bas ! » Il eut vociféré pendant un temps, sitôt, cette conversation envenimé de reproche et de dérision se transforma en véritable querelle. Lui souhaitant tout le malheur possible, Blake lui cracha verbalement au visage un au revoir excessivement vague, accompagné d’un "bon débarras." Et sur quoi, ils s’étaient quittés…

Bref, avec ça, on n’a pas besoin de se demander pourquoi est-ce que Blake craignait de revoir la brunette, right ? En ce moment, il était considérablement soulagé que ce fâcheux souvenir ne lui soit pas remis à la figure. Parlant de figure, est-ce l’éclairage qui fut tamisée ou c’est les pommettes de la sorcière qui rougissaient telle une pivoine ? Misant sur le poids des probabilités, Blake considéra que la 2e option était plus envisageable pour expliqué ce qui lui donnait ce teint légèrement plus coloré. Chose qui le surprit de manière malicieuse et espiègle, sachant que Cameron venait de s’empourprer par ce qu’il lui avait ouvertement confié qu’elle était canon à l’époque. Détail d’autant plus stupéfiant lorsqu’on voit que c’est sans aucun doute la première fois que Blake réussit à faire rougir la demoiselle. Ce n’est certainement pas dans le passé qu’il aurait réussi un tel exploit…

Les protestations de Cameron éveillèrent une profonde et malicieuse incrédulité, ce qui vint attiser une petite flamme de dérision dans l’abysse de ses noires prunelles. Pardon ? Lui plus métalleux qu’elle ? Sceptique, il haussa un sourcil, l’air de dire "En 1997, en fidèle auditeur du concert de Dimmu Borgir, c’est qui la nana qui s’était retrouvé au premier rang avec moi ? Mère Teresa, peut-être ?"

Comme si elle eue anticipé l’ânerie qu’il s’apprêtait à riposté, la sorcière se reprit dans ses paroles, affirmant que ses goût musicaux et ainsi que son style vestimentaire était tout aussi ténébreux et barbare que le sien.

Tiens, voilà qui est mieux dit !

- Ah ouais ! Cette fameuse veste sacrée pour laquelle tu aurais tué si on aurait tenté de te la volée, se remémora-t-il en pouffant littéralement de rire, incapable de contenir son euphorie : Tu avais un tel attachement sentimentale à ce bout de linge. Je me souviens que lorsque tu t’en es débarrassé, de petites larmes cristallines perlaient aux coins de tes yeux. Pour te consolé, à ton anniversaire, je t’en avais offert une nouvelle… presque identique. Encore là, cela t’avais pris un mois avant de vraiment apprécier cette satanée veste de cuir, c’était incroyable !

D’instinct, son pur éclat de rire se transforma en tendre demi-sourire, les yeux rivés vers les prunelles noisette de son interlocutrice qui le contemplait avec bienveillance et sincérité avant de lui dévoiler cette simple phrase…Cette simple phrase qui vint le percuté de plein fouet… pas de façon désagréable, juste de manière spectaculairement singulière. Si singulière que son échine en fut ébranlé dans la simple résultante qu’il en frissonna de tous ses membres et que le fin duvet de sa nuque en soit littéralement hérissé. La similarité de cette nostalgie, elle n’était pas la seule à l’avoir pressentit durant toute ces longues années…

- Toi aussi, tu m’as manqué. Tu ne peux même pas imaginé à quel point, murmura-t-il de sa voix pratiquement inaudible alors qu’il était immergé de la tête au pied par le flot de ses émois indomptables où Cameron et lui se rejoignaient. Plus songeur qu’à l’ordinaire, Blake vrilla ses yeux obnubilé dans le tendre regard de sa chère compagne, encore et toujours secouer par la sincérité avec laquelle elle s’était exclamée : Cameron…Je…Mmmmm.

Il fronça durement les sourcils, se pinça les lèvres, tergiversant sur ce qu’il s’apprêtait à dire.

- Je suis tellement désolé. Le jour où tu as quitté Mystic Falls, je me suis comporté en imbécile…

Aucun secret, aucune retenue, aucune moquerie. Cameron savait qu'en compagnie de Blake elle pouvait tout dire, elle pouvait tout faire et jamais il ne lui viendrait à l'esprit de juger ses dires ou ses gestes. Et c'était exactement cette aisance naturelle qui rendait leur amitié si unique et si inébranlable. Pas étonnant qu'elle se sentait comme une jeune adolescente de dix-huit ans, comme si elle n'avait jamais vieilli et qu'ils s'étaient simplement perdus de vu pendant deux ou trois jours. Ils étaient toujours aussi francs et honnêtes l'un envers l'autre, toujours aussi malicieux et aimables. Cameron s'était grandement ennuyée de cette complicité, ressassant inlassablement d'innombrables souvenirs en compagnie de Blake dans son esprit pendant son exile. Il lui arrivait parfois de tout simplement penser, se souvenir, provoquant un sourire nostalgique et attendri aux coins de ses lèvres. Mais rien n'était comparable que de passer de véritables moments avec son meilleur ami, rien ne pouvait égaler cette allégresse qui l'emplissait avec bonté et chaleur.

La mémoire de Blake ne semblait nullement faire défaut; il se souvenait précisément cet étrange attachement qu'elle avait éprouvé pour un simple bout de cuir. Cameron pouffa de rire à l'unisson avec le chasseur alors qu'il relatait des faits du passé. De ses yeux étincelants, elle contemplait le visage amusé tout comme exaspéré de Blake qui se remémorait cette époque où une histoire d'amour incongru avec une veste de cuir anéanti la pauvre sorcière. Hilare, elle ne pouvait que s'amuser à se souvenir, réalisant combien elle avait pu être ridicule face à la perte de cette veste insignifiante et comment elle avait refusé avec orgueil la douce attention de son ami pour lui remonter le moral. Comme elle avait été exaspérante à l'époque... Et elle revoyait ces scènes dans sa tête avec quiétude et amusement, tout simplement touché que Blake s'en souvienne aussi clairement qu'elle. Prunelles rivées dans les profondeurs de celles de son interlocuteur, son sourire ne semblait jamais vouloir s'effacer, ressentant un bien-être imminent à fond d'elle-même. Une vague inattendue et pressant submergea soudainement Cameron alors qu'elle ne parvenait tout simplement pas à détacher ses yeux de cet homme qui représentait tant à ses yeux. Elle ne put retenir cette envie, ce désir prépondérant, de lui révéler combien elle avait souffert de son absence. Les mots sortirent de sa bouche avec douceur, avec bienveillance et tendresse. Maintenant qu'elle se retrouvait face à lui, ce manque qu'elle supporta pendant plus de dix ans semblait prendre des proportions éléphantesques, se demandant même comment elle avait pu vivre ou respirer avec cette horrible distance entre eux.

Son coeur fit plusieurs bonds dans sa poitrine alors que Blake lui confiait le même sentiment, celui de manque déchirant. Profondément attendrie par cet aveu, Cam sourit doucement d'un air ému et elle fit de gros efforts pour ne pas lui sauter au cou à nouveau, de l'étreindre longuement par simple désir de le sentir plus près d'elle. Mais avant qu'elle puisse répondre quoi que ce soit, Blake reprit la parole d'une voix moins assurée, peut-être même anxieuse et incertaine, ce qui intrigua la brunette. Cette dernière fronça subtilement les sourcils, mais resta tout aussi muette, ne voulant surtout pas interrompre son ami. Et puis, elle savait pertinemment que si elle prenait la parole, Blake se refermerait sur lui-même comme une huitre effrayée et jamais elle ne saurait ce qu'il avait l'intention de lui dire. Ces sourcils froncés, cette lèvre pincée, inquiétèrent légèrement la sorcière alors qu'elle patientait toujours, alors qu'elle lui portait toute son attention. Et finalement, il se dévoila, regrets et excuses constituant le dialogue qu'il entamait. Cameron en fut bouleversée, tétanisée, et sentit un pincement incongru apparaitre au niveau de la poitrine.

Dix ans en arrière, une jeune brunette, plutôt maigre et extravagante de physique, suppliait son meilleur ami de comprendre sa décision. Il lui avait fallu tout le courage du monde pour finalement poursuivre cette conversation jusqu'au bout, pour qu'elle puisse enfin expliquer les raisons pour lesquelles elle avait décidé de quitter Mystic Falls. Mais jamais elle ne s'était attendue à une telle réticence de la part de Blake... Son père lui avait énoncé un très long discours appuyant son désaccord, mais elle aurait crut que son ami la supporterait, qu'il comprendrait... Et pourtant, malgré ses protestations, Cam resta déterminée et bornée à défendre son point, sans jamais obtenir le moindre résultat. Son coeur en fut chaviré. Ils se tournèrent bientôt le dos avec des au revoir grossiers et regrettables au moment même où les yeux de l'adolescente s'emplissaient de larmes amères tout comme attristées. Elle s'en alla malgré tout, malgré cette petite voix qui la suppliait de ne pas abandonner sa famille, son ami, ses proches...

Ils en étaient maintenant rendus au point des retrouvailles, au point du pardon. À ce fameux instant où Cameron savait que tout serait oublié sans arrière goût amer. Affichant un sourire réconfortant sur son visage serein, Cam avança sa main vers celle de Blake et l'étreignit avec douceur.

- Tu ne me dois aucune excuse, Blake. J'ai été tout aussi stupide que toi et je regrette sincèrement que l'on se soit quitté de cette manière... Mais jamais je ne pourrais t'en tenir rancune, jamais je n'aurais pu t'effacer. Tu es resté mon meilleur ami et tu le resteras toujours.

Ses lèvres s'étirèrent davantage et sa main se compressa avec plus d'insistance contre celle du chasseur. Jamais elle ne songea une seule seconde que leur amitié avait été en danger, jamais elle ne crut qu'ils s'étaient véritablement abandonnés. Non, ils avaient toujours été ensemble, en pensée, malgré la distance, malgré ce lourd souvenir qu'ils partageaient, ils ne s'étaient jamais réellement quittés.

Voir sa seule et unique amie disparaitre au loin, cela avait été une scène effroyablement bouleversante. En mauvais terme, le cœur et l’âme alourdit de frustration à même que de rage, ils s’étaient quittés. En aucun cas, Blake aurait désiré qu’ils se laissent de cette manière : avec cette aversion mutuellement partagé. Dans de telles circonstances, où ses dénies désapprobateurs eurent été un redoutable poison néfaste, leur au revoir fût énoncé avec des paroles dont la logistique perdait toute forme de moralité. Ces injures et insultes qu’ils s’étaient librement balancé en arrière de la tête, ça ne leur ressemblait pas, ce n’était pas eux. Certes, étant gamin, Cameron et lui se disputaient régulièrement, en fait, même adolescent, ils se disputaient toujours, seulement, ces violentes engueulades finissaient usuellement par recouvrer son baume venant tempérer la friction de leur tempérament explosif. Par un automatisme spontané, une pulsion naturelle ; ils se réconciliaient sans même que leur discorde ne soit terminer. Au beau milieu de leur mésentente, séquestré au sein de leur querelle, ils enterraient la hache de guerre, comme si rien ne s’était passé, pour redevenir ces deux êtres frivoles et hilares qu’ils étaient et eurent toujours été. Blake n’avait pas peur de froissé Cameron. Il savait que ses paroles présomptueuses pouvaient, pendant quelque instant, affecter la sorcière, sitôt, elle s’apaisait et redevenait, dans l’intégralité de son doux caractère; conciliante.

Le jour où la brunette eue quitté Mystic Falls, ils s’étaient disputé…mais pas réconcilié… sur la corde raide, ils s’étaient tourné le dos, sans rebroussé chemin, ils s’éloignaient, voyant l’entrecroisement de leur vie se désunir. C’était une scène anormale, effarante, inhabituelle, elle semblait si surréaliste que, pendant près d’une semaine, Blake avait cru s’être inventé ce spectacle dont il n’était pas seulement spectateur mais bien le concepteur. Ignoré tous les regrets et remords qu’il avait pressentit, c’était comme tenté de vouloir ignorer le déclin qu’avait suivi l’empire Américain lorsque les tours du World Trade Center se sont écroulés… Les conséquences sont inévitables, un tel bouleversement; ça ne s’oublie pas. Formellement, sa séparation avec Cameron n’avait pas bouleversé les États-Unis au grand complet, cette puérile dispute pouvait bien sembler anodine…

Toutefois, Blake avait l’impression que l’affliction de sa perdition personnelle pouvait grandement s’équilibré avec ce désastreux cataclysme… Il avait eu l’impression que son univers en entier venait de disparaitre et de s’évincer sous ses yeux médusés d’impuissance. Un tel sentiment de destruction, un cœur broyé de la sorte, il n’y a qu’une seule émotion qui peut en venir à une désillusion aussi nuisible. Blake savait à quoi cette peine pouvait se rallier, il connaissait l’évidence depuis si longtemps, seulement, il ne voulait se l’avouer. Lorsque Cameron et lui se sont quittés, ce n’est pas la vulnérabilité de son amitié qui avait fait surface mais bien la fragilité de ses sentiments maladifs et surdimensionnés qui l’eurent rendu désespéré au point où l’expulsion d’une colère immensément décuplée eu été exprimé…Il était sombré au sein d’une peine d’amour… Une peine d’amour dont la guérison n’eue jamais été pansé ou même cicatrisé, encore maintenant, c’était une béante cicatrice meurtrit douloureusement.

Il le savait, il l’avait toujours su, d’ailleurs. Dès leurs tout premier regard échangés, le cœur de Blake s’était emballer de façon à ce que les lois de la gravité n’est plus sa raison d’être. Aucune pulsation cardiaque ne pouvait tamponner un thorax aussi violemment et se chaviré aussi intensément. Depuis sa tendre enfance, Blake était tombé amoureux d’elle. L’histoire classique, quoi : Le gars désuet et pas populaire tombe amoureux de la fille merveilleuse et inaccessible qui voit le gars désuet et pas populaire comme un simple ami fidèle. Un rôle que Blake a supporté s’accorder parce que la présence de Cameron dans sa vie lui est tout simplement indispensable…

« Tu es resté mon meilleur ami et tu le resteras toujours. » L’écho de ces paroles se répercutait encore contre ses tempes. Mmm. Ouch ! Phrase assimilé, enregistré, entendu et respecté. Amis pour la vie, ok, il peut faire avec l’idée : Pas d’alliance, d’opposé, un collier greffé best friends sera l’écusson de leur complicité !

Le contacte des doigts de Cameron qui frôlaient le revers de sa main trapue l’immergea des pieds à la tête et lorsque la douce paume de sa main délicate vint se comprimé avec plus d’insistance contre la sienne, cette état d’immersion devenu de plus en plus importante. Sitôt, le cerveau de Blake se ramolli littéralement, donnant la palpable illusion que son encéphale liquoreuse risquait, d’un instant à l’autre, de vouloir ressortir par tous les orifices de sa figure. Impression qui pouvait sembler gênante, même déplaisante, toutefois, cela ne s’avérai pas être le cas. Ce bref manque de lucidité fût si agréable, percevant cette futile bouffée de chaleur lui monté à la figure, c’était une sensation innommable mais pourtant si saisissante. La décharge d’un profond bien-être était venue l’étreindre, se laissant bercer par cette chaleureuse caresse, Blake observa leur main enlacées et compressées l’une à l’autre, pensant que ce contacte si anodin saurait suffisamment le satisfaire et le rendre heureux…même si parfois, l’insuffisance de sa convoitise en demandait plus…que ses sentiments dissimulés éprouvait le terrible besoin d’en avoir plus…

Dans un temps qui sembla perduré plus d’un siècle, Blake avait observé l’étreinte de leurs mains pour finalement se convaincre de lui rendre la pareille. Le cerveau retrouvant ses fonctions primitives, les tendons de ses muscles se solidifiant à nouveau, la paume de sa main libre vint se dirigé vers la main de la brunette, toujours pausée contre la sienne. Doucement, il l’étreignit, la main de Cameron méticuleusement niché en-dessous de sa paume fiévreuse, les doigts de Blake s’entremêlèrent contre ceux de son amie qu’il commença à compresser d’une estime incommensurable duquel il luttait pour que ce tendre geste d’affection demeure gracile et respectueusement amicale.

Ne pas frémir.
Ne pas tremblé.
Ne pas frissonné.
Et SURTOUT ne pas observer ses lèvres…

- Ces paroles conciliantes, on aurait dû se les prononcés 10 ans plus tôt, fini-t-il par formulé alors que le marbre de sa figure se décalquait de ses crispations : Ainsi, nos au revoir auraient été épique ! L’intrusion d’un doux sourire se déploya aux coins de ses lèvres, plongeant ses prunelles aussi sombres que l’ébène dans les yeux marron de la sorcière où le miroitement de la sincérité se reflétait toujours dans son tendre regard…

Les remords avaient fait rage pendant plusieurs années. Inimaginable comment deux êtres aussi proches l'un de l'autre pouvaient s'éloigner soudainement en raison d'une simple querelle. Cameron s'était longuement interrogée sur la nature d'autant de réticence de la part de Blake, car jamais elle n'aurait cru qu'il serait autant insulté par sa décision de trouver des réponses sur le monde ailleurs. Elle ne doutait pas de son amitié ou de leur complicité qui avait été quasi instantanée et elle pouvait comprendre que son départ précipité l'affecte - surtout qu'il venait tout juste de perdre ses parents dans de tragiques circonstances. Cependant, elle fut grandement surprise de constater l'impact que cette décision eut sur le chasseur. Cam passa plusieurs années à se ronger de regret et de questionnements diverses à propos de cette simple scène, car ils coupèrent littéralement les ponts à cet instant... Elle n'avait plus eu de nouvelles de son meilleur ami et elle craignait de lui envoyer la moindre lettre ou de lui lancer un simple coup de fil. Elle avait eu peur que Blake l'ait nonchalamment effacé de sa vie, qu'il lui en voulait toujours autant et que leur amitié était brisé à jamais. Finalement, avec le temps, elle décida de laisser ce souvenir douloureux au passé et ne plus chercher la moindre réponse le concernant. Et elle souhaitait au plus profond d'elle-même qu'un jour leur chemin se croiserait à nouveau et que ce pénible au revoir ne soit qu'un vieux souvenir auquel ils pouvaient tout simplement tirer un trait.

Heureusement, ses plus grandes craintes furent démenties ce soir même. Combien de fois avait-elle imaginé le pire des scénarios si un jour ils devaient se rencontrer à nouveau ? Elle s'imaginait un Blake rancunier et blessé - même si elle savait au fond qu'il n'était pas du genre à demeurer borner une vie entière pour une petite querelle de jeunesse -, ne faisant qu'accroître ses remords et ses appréhensions. Non seulement il ne semblait pas lui tenir rancœur, mais il s'excusa le premier face à ce malentendu. Un poids énorme semblait alors disparaître de ses épaules, pouvant après des années respirer plus facilement, plus librement, soulagée de pouvoir retrouver son confident d'antan. Si seulement il savait ce que ces simples paroles créaient en elle ! Qu'il ait été tout aussi appréhensif qu'elle, qu'il ait souffert de son absence comme elle avait souffert de son côté, c'était comme s'ils étaient restés connectés tout ce temps sans même s'en rendre compte. Ce sentiment ne faisait que confirmer leur éternel et indestructible complicité.

La main contre celle de Blake, Cam la serrait doucement alors que son regard exprimait tout le bonheur que cette conversation lui procurait. Elle ressentait une telle chaleur l'envahir, comme si pendant l'instant qu'elle le quitta une solitude persistante s'était installée en elle et que finalement elle en était libérée. Elle lui souriait constamment, l'observait toujours, alors que le regard de Blake s'était posé sur sa main couverte par celle de la sorcière. Il affichait un air... absent ? Enfin, Cameron n'en fut nullement surprise ou offensée, elle savait que les contacts physiques le refroidissaient toujours, mais elle voyait également qu'à cet instant il ne se sentait pas brusqué, mais peut-être seulement déboussolé par une autre marque d'affection de la part de la brunette. Patiente, elle lui laissa tout le temps nécessaire afin qu'il assimile ce nouveau contact - comment aurait-il réagi si elle avait suivi sa première pulsion de lui sauter dans les bras une deuxième fois ? -, le contemplant simplement de ses prunelles étincelantes. Après un moment de silence, Blake sembla retrouver ses esprits et se dégivra de son immobilité. Il posa à son tour sa main contre celle de la brunette, l'enveloppant entièrement de sa grande paume brûlante. Ses doigts s'immiscèrent entre les siens, créant une chaleureuse et agréable étreinte. Cameron sentit toute l'affection qu'il lui portait se propager dans tout son être alors qu'elle posait son regard vers leurs mains unies. Ses lèvres ne purent que s'étirer davantage à ce contact et à cette vision, tout de même surprise de constater que le chasseur lui rendait pour la deuxième fois une marque d'affection.

Ravie, Cam reporta ses yeux sur le visage de son ami au même moment où il relevait finalement la tête. Il était vrai qu'ils auraient dû régler cette histoire depuis des lunes maintenant... Toutefois, la sorcière n'était nullement attristée d'avoir attendu tout ce temps pour retrouver la quiétude de leur amitié, elle était au contraire soulagée. Elle n'avait donc plus aucun regret dans son coeur.

- Sans aucun doute, approuva-t-elle d'un bref mouvement affirmatif de la tête, mais nos retrouvailles n'auraient pas été aussi émouvantes. Elle sourit ironiquement avant de reprendre: C'est du passé maintenant, effaçons simplement cette vieille histoire et célébrons plutôt mon retour !

Elle se tourna alors vers le bar et chercha le barman du regard pour ensuite lui faire signe de s'approcher. Elle prit une longue gorgée de sa bière qui se réchauffait un peu trop à son goût et lorsque le barman fut à sa hauteur elle demanda:

- Quatre shooters de Jack Daniel's, s'il te plait ! Il est temps de passer aux choses sérieuses, dit-elle en se retournant vers Blake en lui lançant un regard malicieux, ne bougeant toujours pas sa main sous celle de son ami.