Ce fut les rayons du soleil levant qui me réveillèrent. J'ouvris les yeux, et sentis alors un courant d'air frais parcourir et faire frissonner mon corps nu. J'étais allongée en pleine forêt, sur un tapis de feuilles mortes, entourée d'arbres et de buissons. J'étais une fois de plus sortie du cabanon abandonné où j'avais pour habitude de m'enfermer. Il allait falloir que je me dote de chaines plus solides, avant la prochaine pleine lune. Je me levai, cachant de mes mains les plus intimes parties de mon corps. Le cabanon n'était pas bien loin, je l'apercevais à quelques mètres de moi. Je me dirigeai alors vers celui-ci, et récupérai le sac qui contenait des vêtements propres préparés la veille. Je n'en étais pas à ma première transformation ; un loup-garou sait anticiper ce genre de choses. L'expérience venait au fil du temps.

Une fois habillée, je pris le chemin qui menait à ma voiture, garée un peu plus loin et dissimulée par un regroupement d'arbres au feuillage important. Mais alors que je n'étais qu'à quelques mètres de celle-ci, j'entendis un cri, qui se transforma bien vite en gémissement. L'air s'engouffra dans mes poumons et une odeur familière vint titiller mes narines expertes. Un vampire. Je sentis alors un lourd grondement résonner en moi à cet instant précis, et je courus dans la direction que me dictait l'odeur. Je traversai la forêt, courant entre les arbres, évitant les branches, et je fus bien vite arrivée devant une scène qui me répugna. Une jeune femme était étalée par terre, la jambe gauche coincée dans la racine volumineuse d'un arbre, et penché au dessus de son cou, les dents acérées du vampire luisait d'un rouge sanglant. A demi-consciente, la victime ne faisait plus un bruit, mais ses lèvres murmuraient des plaintes inaudibles.

Sans que je n'eus le temps d'empêcher le vampire dont la capuche noir me cachait une partie de son visage, il disparu à vitesse inhumaine, et bien que je voulus tout d'abord le rattraper, je rapportais mon attention sur la jeune femme. Son visage livide était renversai en arrière, son cou précédemment offert au suceur de sang. Je m'accroupis à sa hauteur, et vérifiai qu'elle était bel et bien vivante. Son pouls pulsait sous mes doigts doucement, mais il était bien là. J'ouvris mon sac, projetant de lui appliquer un pansement mais un bruit m'alerta. Je relevai la tête dans la direction de la source du bruit, mais ne vis tout d'abord rien. Ce ne fut que quelques secondes après, où j'avais arrêté de respirer, que j'aperçus une silhouette lointaine. Un homme à n'en pas douter, sa carrure n'était pas celle d'une femme, mais je n'en vis pas plus. Je me levai et disparu dans la minute qui suivit. Je me retournai seulement lorsque je fus arrivée à une cinquantaine de mètres, cachée par un arbre, et lorsque mon visage se tourna vers l'endroit où j'étais précédemment, je rencontrai alors les yeux BLEUS de l'homme.

Mue par la peur d'être accusée de l'agression de la jeune femme, je tentais alors de m'enfuir aussi vite que je pus. Pourvu qu'il n'ait pas dans l'idée de me suivre...

Catalina & Blake

« What you see is what you get »

CRÉDIT - CSS

Ce fût la brutalité du timbre strident et incessant de la sonnerie de son réveille-matin qui retira Blake de son court mais profond sommeil. D’un mouvement hagard et prompt du poignet, son poing bien comprimé alla violemment s’emboutir sur l’appareil de plastique qui, après avoir émis quelques sons aigüe et imparfait, finit pas s’éteindre. Un silence de mort surplombait et régnait présentement dans la chambre, pourtant, les tympans de Blake semblaient toujours autant assaillit par l’insupportable tonalité de la machine. Les muscles alanguis, les sens engourdis, la lucidité fuyarde et défaillante, à demi éveillé, Blake était l’esclave d’une paresse qui s’aurait voulue prolongée. Faiblement, les paupières du chasseur finirent par se rehausser au-dessus de son regard léthargique et dénué d’émotion, pendant un temps où les secondes se transformèrent en minutes, Blake était resté allonger sur son lit, observant sur son plafond un point fictif et imaginaire. L’air songeur, l’air perdu dans le vague, il ESSEYAIT de se remémorer les événements de la veille, seulement, il n’y parvenait pas.

Mmmm. La prochaine fois qu’il sort diner avec Cameron, l’abstinence de vin et de bière fusionnée ensemble sera indubitablement sa nouvelle résolution ; ces deux eaux-de-vie ne font véritablement pas bon ménage.

D’une : Cela lui laisse un arrière-goût amer sur les papilles gustatives.
De deux : Ça enclenche une redoutable migraine.
Et de trois : Il se réveil avec un gigantesque blanc de mémoire dans la tête.


« Blake, c’est Ric… Écoute, je ne sais pas où t’es passés mais ce soir c’est la pleine lune, tu sais ce que cela signifie ? » courte pause, bruit de paperasse qui se chiffonnent et s’entassent en arrière-plan de ce silence : « De plus, il y a la venue d’un nouveau vampire dans le secteur. Je ne sais pas comment c’est possible mais cette bestiole s’est dégoté une bague…La menace peut donc s’exposer sous le soleil. Si t’as une chance, demain matin, pourrais-tu aller évaluer l’étendue des dégâts, au nord de la forêt ? Parait-il que des randonneurs auraient été attaqués par un animal, là-bas. »

Longuement, Blake observa avec incrédulité son répondeur, l’index allant et revenant prendre appuie sur le bouton "Play", écoutant en boucle ce message archivé, laissé par Alaric, la nuit dernière. La voix soucieuse et préoccupé de son partenaire de chasse se faisait bien entendre, seulement, Blake n’arrivait pas à en croire ses oreilles : Comment est-ce que ce vampire était parvenue à conquérir LA fameuse pierre lapis-lazuli ?! Tout ceci lui paraissait invraisemblable, mise à part les frères Salvatore, peu de vampires pouvaient s’acquérir et bénéficier de ce joyau, right ?

Laissant planer le spectre de l’incompréhension au-dessus de sa tête, Blake avala sa dernière gorgée de café, attrapa sa veste de cuir et son sac à dos dans lequel "ses armes spéciales" y étaient soigneusement dissimulées. D’une vitesse éclaire, il gagna la sortie de son minuscule appartement, happant au passage son casque de moto… et le voilà maintenant qui dévalait deux à deux les marches de l’escalier de son immeuble.


Après avoir roulé tel un fou furieux sur la rue principale du centre-ville, à la suite d’un périple audacieux, -où il ne s’était pas gêner à zigzaguer au travers de quelques voitures entravant sa route,- sur le boulevard adjacent la forêt, le moteur de la moto de Blake embrasa son ultime vrombissement avant de s’immobilisée à lauré des bois endormies. Cette sérénité quasi religieuse qu’ornait cette ténébreuse foliation pouvait grandement insinuer l’antre d’une paix bien fondée… pas étonnant que les randonneurs prenaient goût à s’y aventurer, toutefois, cette paisible impression pouvait s’avérer être d’une sordide hypocrisie ! Blake le savait, indubitablement.

À l’affut de la moindre présence suspecte qui pouvait s’infiltrer au travers des vieux arbres démesurés dont la cime bien garnis pouvait facilement venir embrasser les cieux, le corps de Blake fût rapidement engouffré en plein cœur de la nature. Essayant de ne pas se faire gifler le visage par les branches, de ne pas trébucher sur les énormes rochés, ou encore, de ne pas se coincer le pied dans les proéminentes racines expulsées de la terre, Blake était parvenu à se retrouver au beau milieu de la forêt, et ce, sans se casser la figure. Maintenant il était là, égarer au sein de nulle part, attendant…attendant quoi, au juste ?!

Un cri à en fendre l’âme vint briser la quiétude des bois, en simultané, le traqueur lança un regard médusé par-dessus son épaule, d’où le hurlement eu été proclamé. D’instinct, il s’attisa. Aussi hâtivement que ses jambes le lui permettait, Blake traversa tant bien que mal la forêt, se tapant la course à obstacle la plus rapide et la plus complexe qu’il n’eut jamais révolue jusqu’à ce jour. Ça ne prit pas bien longtemps avant que son parcours effréné ne s’achève devant une scène où l’aversion fût le sentiment primitif qui le tétanisa net : À ses pieds, le corps d’une femme reposait inerte sur le sol marécageux et feuillu des bois. Sans prendre le temps de recouvrer une respiration salutaire, Blake s’accroupit auprès de la dépouille, anticipant le pire, ses doigts trapus vinrent minutieusement se poser sur la trachée ensanglantée de la pauvre femme. Une maigre, quasi inexistante, pulsation cardiaque se répercuta contre son index, révélant qu’une parcelle de vie habitait toujours ce corps défraichit laissée à la merci d’une mort certaine. Avec désolation, Blake observa le visage blafard de l’inconnue, sachant que ces faibles battements de cœur seraient sans aucun doute les derniers accomplis avant que ce muscle si vulnérable ne sombre dans un état de léthargie de plus en plus important. Blake aurait tenté d’improviser un pansement à la trépassée si, non loin de lui, des pas de course n’auraient pas détourné son attention. Systématiquement, il releva la tête, là où ses sombres prunelles vinrent rencontrer cette paire d’yeux qui le dévisageait avec effroi et effarement. Il eut tout juste le temps d’haussé un sourcil, que la petite silhouette, dissimulée derrière le tronc d’un arbre, sortie de sa cachette pour prendre jambes à son cou et détaler d’une vitesse éperdument hallucinante.

Voyant cette tignasse aussi noire que l’ébène disparaitre au loin, visiblement conscient qu’il ne pourra jamais la rattraper, Blake se redressa sur lui-même, d’un geste las, il dégaina son arbalète de son sac :

- Je tiens à préciser que les marathons matinaux, ce n’est pas mon truc, ça me rend de mauvaise humeur, vociféra-t-il de sa voix envahis de mépris mal contrôler alors qu’il visa, de son arme, les omoplates de la "gazelle", projetant d’appuyer sur la détente si cette dernière ne prenait pas l’intelligente décision de s’immobiliser…

Sûrement n'avais-je pas assez évalué les risques de me retrouver dans une situation délicate en cette matinée ? Je n'aurais pu deviner que je tomberais sur un vampire en pleine forêt, au lendemain d'une pleine lune difficile. Je n'avais eu le temps de me remettre de la nuit, que déjà quelque chose me tombait dessus à nouveau. Sans parler de la malheureuse victime qui avait sans doute plus de soucis à se faire que moi présentement, j'avais ce qu'on pourrait appeler une poisse incroyable aujourd'hui. Évaluer les possibilités pour que je tombe sur un chasseur de vampire - ou que sais-je ? - alors que je comptais aider la jeune campeuse se résumait à une sur un million. Mais sûrement avais-je mérité d'avoir fuit ainsi sous le coup de la panique ? Mais l'homme m'avait perturbé, la peur d'être accusée injustement avait prédominé, et courir avait été la seule chose à faire pour moi à cet instant.

J'aurais cependant pu éviter de me retourner vers la victime et le nouvel arrivant, lui permettant ainsi de voir l'effroi dans mes prunelles sombres qui s'étaient accrochées aux siennes, marrons, sombres, dures, et un sentiment de peur m'envahit en voyant la dureté de ses traits. Cet homme n'avait rien de doux, il ne m'inspirait pas confiance, et je commençai alors à m'enfuir entre les arbres à une vitesse inhumaine, slalomant entre les branches, buissons, et conifères qui se dressaient devant mon passage. Il lui ne lui fallu pas longtemps pour qu'il s'adresse à moi en pointant un objet qui ne devait certainement pas être un pistolet à eau sur mon dos. Je sentis le poids de son arme en ma direction, dirigée directement sur moi, et sa voix s'éleva alors, parfaitement claire malgré la distance.

- Je tiens à préciser que les marathons matinaux, ce n’est pas mon truc, ça me rend de mauvaise humeur.

Je m'immobilisai alors, la respiration courte, et mon souffle créait dans l'air des vapes de fumée qui se dissipaient doucement autour de moi. Mes cheveux éparpillés sur mes épaules fines voletaient au gré de la brise légère, et je laissai tomber mon sac à mes pieds dans un bruit sec. Il était temps de passer aux choses sérieuses apparemment, et le présumait «chasseur» - vu son audace face à un soit disant vampire et son attirail, ça ne pouvait qu'en être un – semblait m'avoir définitivement prise pour la coupable de l'agression. Je me retournai lentement, les mains le long de mon corps, et mes yeux fixement ancrés dans les siens. Je soutins son regard méprisant.

- La première leçon d'un chasseur n'est pas de savoir reconnaître un vampire ? Fis-je peu amène malgré ma retenue.

Je ne voulais pas l'énerver, mais être prise pour un vampire ne m'enchantait guère. Je n'étais point un être égoïste et dénué de sentiments, qui tuait et se réjouissait de la mort des humains. J'étais victime d'une malédiction, qui me forçait à supporter les pleines lunes toutes plus douloureuses les unes que les autres, je ne tuais personne, à part les vampires si possible. L'homme allait être bien déçu en constatant que je ne faisais pas parti de l'espèce qu'il semblait chasser, et je réfléchis alors à un moyen de lui prouver que je n'étais pas un vampire. Je pris une expression un peu plus douce, et avançais les mains légèrement levées, lui montrant qu'il ne risquait rien. Je fis quelques pas, attendant de voir si il allait m'arrêter ou non.

-Vous êtes un chasseur n'est-ce pas ? Demandai-je dans un souffle, en le dévisageant.

Diable, cette ombre d’aspect liquoreuse et superflue était partie comme une balle ! C’est tout juste si les yeux médusés de Blake étaient capables d’intercepter cette silhouette peu râblée qui fusait à travers de chaque tronc d’arbres. Tout ce qu’il était capable d’entrevoir, c’était un amas de feuilles mortes qui papillonnait dans les airs, suivit de quelque branches étanchés qui se brisaient ou se tassaient viscéralement, exposant le parcours, quasi imperceptible, qu’accomplissait la jeune femme. Elle fuyait d’une vitesse qui pouvait facilement franchir le mur du son. Il avait pris pour cible une demoiselle invisible dont -habituellement- l’œil d’un être humain n’aurait jamais été adroit à pouvoir distinguer le moindre brin de mèche de cette chevelure ténébreuse et ébouriffée par la brise crépusculaire. C’est bien avec l’expérience des années évanouies que le traqueur eut appris à bien mirer ses proies, encore aujourd’hui, bien qu’il soit un excellent tireur, il arrivait parfois qu’il rate carrément sa cible… C’est frustrant lorsqu’une telle chose se produit, conséquemment, de si bon matin, Blake fera en sorte que ce fâcheux mécontentement ne vienne pas contrecarrer sa convoitise. Surtout que, normalement, rare était les fois où Blake préférait s’exclamer avant d’appuyer sur la gâchette…Disons franchement qu’il n’avait pas pour habitude de faire causette avec ses proies. Il faut l’admettre, c’est une situation assez risible : Un chasseur qui traque un ours en pleine forêt, est-ce qu’on voit le braconnier dont il est question s’écrier : "Un instant, nounours…Immobilise-toi, sinon, je tire !" Non, absolument pas, c’est débile, presque aussi débile que demander à un vampire de s’immobiliser avant que son bourreau ne vienne appuyer sur la détente. Conclusion : Cette traque prenait des circonstances ridiculement inaccoutumées, limite cocasse, et Blake commençait sérieusement à en être répugner…

Et voilà que le corps qu’il n’arrivait à peine à distinguer fit sa grande apparition en s’immobilisant raide comme un piquet au beau milieu du vide abyssal qu’arborait la ramure de cette forêt léthargique. Sur le coup de l’ébahissement de cette inertie inattendue, face à cette soumission inespérée, l’index de Blake s’était instinctivement diriger sur la détente, prévoyant d’appuyer dessus…mais il se résigna à la dernière seconde, lorsque le visage de sa proie lui fut entièrement dévoiler. Pour la deuxième fois, leurs sombres prunelles se croisèrent…tétanisant le traqueur qui, ironiquement, voyait le reflet de son propre regard dans les yeux noisettes de la ténébreuse au visage opalescent. Elle le toisait avec mépris, malgré la dureté de ces traits froissés, la nervosité à même que la frayeur se lisait parfaitement…cette subtile impression s’évasait au travers de chaque pores de peau : elle le craignait.

BIM ! C’est le coup assené sur son orgueil qui assombrit Blake que davantage, quoiqu’il ne broncha pas de son impassibilité usuel ; Le marbre du visage lustré d’inexpressivité mais pourtant vouer d’une placidité désarmante, les yeux perçant d’une hostilité immanquable et presque offensante, le bras tendue, l’arme toujours pointé sur sa proie :

- C’est juste, reconnaitre un vampire, lorsqu’on a la possibilité de le faire, c’est la première leçon assimiler, dit-il avec antipathie, pour conclure : Seulement, cette règle ne s’établie pas dans ce genre de circonstance. Entre les arbres, je n’ai vu qu’un bout d’épaule et quelques mèches de cheveux, avec un tel manque de précision, c’est difficile de savoir reconnaître un vampire, ne pensez-vous pas ? Faute de quoi, j’ai pris votre lâcheté pour ce qui m’eut semblé être cohérent, à mes yeux tout du moins, affirma-t-il en haussant légèrement les épaules.

Le visage de l’inconnue finit par s’adoucir, elle paraissait plus posée mais pas pour le moins méfiante, sans se répartir de cette petite flamme d’aversion qui brasillait dans le creux de ses iris. En dehors de toute attente, elle se rapprocha de lui, mains élevées, l’air conciliante et inoffensive. Le réflexe automatique de Blake fut de poser un regard attentif sur les doigts menue de la demoiselle, histoire d’apercevoir LA bague qui….m*rde….ne symbolisait nulle part.

Il hocha brièvement mais affirmativement la tête, l’air de dire : "Ouais, je suis un chasseur". À contrecœur, le bras de Blake perdit toute tension, l’arme s’abaissa, sachant pertinemment bien qu’aucun danger ne l’attendait dans le détour.

Il dévisagea à son tour la brunette, avec une insistance bien ironique.

- Vous êtes un lycan... logiquement ?

Je courais à travers les arbres, évitant les branches, fusant comme une balle de tenis entre deux raquettes. La lumière du jour perçait la ramure de la forêt, et bientôt un dégradé de couleur vert apparut entre les feuillages, et une douce luminosité vint éclairer mon visage alors que je m'immobilisais en une demi-seconde. Les sens en alerte, l'oreille tendue, le visage concentré et nerveux, je me retournais pour faire face à l'homme qui, je le savais pointait une arme, dont il se servirait sans aucun doute, sur moi. A quelques mètres plus loin, l'homme semblait attentif au moindre de mes mouvements. Etait-il un chasseur de loup-garou, ou de vampire ? Peut-être les deux ? Qui sait ? Cette ville semble cacher bien des choses, et je n'étais pas sûr de vouloir en savoir plus. Après le vampire, voici le chasseur. Magnifique ! Sûrement la situation ne serait pas si dramatique si il ne me prenait pas pour une bestiole à longues canines. S'il était un chasseur, il faudrait vraiment qu'il révise ses cours de traque car il n'était pas très au point selon moi. Me confondre avec un vampire ! Non mais franchement, j'étais insultée ! Outrée ! Si j'avais été un vampire, je me serais débrouillée pour emporter le corps avec moi, et non pas le laisser là en pleine forêt. Essayant de ne pas faire de geste brusque, afin de ne pas déclencher une réaction trop hâtive du chasseur, je m'approchai doucement vers lui, les mains en l'air, en signe d'innocence. Je lui demandai alors si la première leçon d'un chasseur n'était pas de s'entraîner à reconnaître un vampire parmi les innocents, ce qu'il ne sembla pas particulièrement apprécier car j'avais comme l'impression que son orgueil avait pris un coup ! Etait-ce ma faute si il avait commis une erreur de jugement ?

- C’est juste, reconnaitre un vampire, lorsqu’on a la possibilité de le faire, c’est la première leçon assimiler. Seulement, cette règle ne s’établie pas dans ce genre de circonstance. Entre les arbres, je n’ai vu qu’un bout d’épaule et quelques mèches de cheveux, avec un tel manque de précision, c’est difficile de savoir reconnaître un vampire, ne pensez-vous pas ? Faute de quoi, j’ai pris votre lâcheté pour ce qui m’eut semblé être cohérent, à mes yeux tout du moins.

Je me mordis la lèvre, réflexe nerveux chez moi quand je me trouvais dans une position plutôt inhabituelle. Certes, j'avais filé comme le vent entre les arbustes, mais il n'avait cependant pas été très attentif. Je ne savais pas depuis combien de temps il était là, sûrement peu, mais apparemment il n'avait pas assisté à la fuite du vampire avant moi. Et étant la seule auprès du corps de la victime, cela faisait de moi la coupable idéale, je devais l'admettre. Mes sourcils se froncèrent cependant quand il me qualifia de lâche. Pour qui se prenait-il ?

- Simple instinct de survie, et dans ce cas là, étant donné que vous braquez une arme sur moi, vous ne pouvez m'en tenir compte. Je n'ai cependant pas l'étoffe d'un buveur de sang, et j'avais espoir d'aider cette jeune femme lorsque le vampire qui m'a précédé s'est enfuit, dis-je d'un ton sec. Cela dit, je vois que vous n'accordez pas aisément le bénéfice du doute...c'est bon à savoir.

Voyant sans doute que je ne présentais aucun danger potentiel, il abaissa son arme pour mon plus grand soulagement. Je ne tenais pas à me faire tirer dessus, surtout que je devinais qu'il possédait des balles en bois très efficaces. Je n'étais pas fan de ce genre de projectiles. Surtout que ça ne m'étais pas destiné. J'aurais mal pris le fait de prendre une balle à la place du vrai coupable ! Je laissais alors retomber mes mains le long de mon corps, et me rapprochais de l'homme qui semblait prendre un malin plaisir à me dévisager. Je le fixais, et une fois arrivée devant lui répondis enfin à sa question.

- Ca vous fait au moins une bonne réponse, dis-je, moqueuse. Je m'appelle Catalina, Catalina VanDorft. Je crois que j'ai au moins le droit de connaître le nom de celui qui a essayé de fusiller sur place, non ?