Tout est si fade, si banal. Tous ces gens vêtus de leur plus beaux habits, discutant de pluie et de beau temps sous cette ennuyante mélodie instrumentale, ne font qu'amplifier ma lassitude. C'est d'un ennui comme jamais je n'en ai subit depuis des années. Pourquoi suis-je ici exactement ? On dirait que le Grill a été réservé pour l'une de ces soirée costumés organisées par le Lycée, sauf que cette fois, ça ressemble davantage à une célébration familiale. Je n'ai qu'une seule envie : retourner à mes grimoires, poursuivre mes pratiques. Je m'y suis rendu sans véritable raison, poussé malgré moi vers ce resto-bar bondé de gens. Suis-je le seul à m'ennuyer ? Mes yeux font le tour de la pièce spacieuse et pourtant rien ne me fait croire que l'un d'entre-eux ressent la même chose. J'émets un faible rire en me disant que peut-être bien que ce genre de fête n'était pas faite pour moi. J'ai l'impression de faire tâche dans leur snob portrait. Oui puisque la plupart sont vêtus de jolies robes échancrées ou d'élégants habits. Je suis plutôt mouton noir simplement affublé d'un veston bien banal et d'un jean.

Je ne connais personne ici. Non aucun visage ne me semble familier. J'hoches de temps en temps la tête de façon purement hypocrite à des inconnus qui me saluent au passage. Regardez-moi ces bouffons. Il ne leur manque plus que le costume à pois pour qu'ils aient l'air encore plus ridicules. Et ces damoiselles là-bas, auraient-elles un visage sous cette couche de maquillage grotesque ? J'esquisse un sourire à l'une d'entre-elles, qui semble croire que je m'y intéresse. Toutes mes excuses, mademoiselle, mais je me moque de vous, sauriez-vous un jour me pardonner ? Je dépose lentement la coupe vide que j'ai entre les doigts sur un plateau solitaire qui s’ennuie autant que moi. Si j'étais un temps soit peu sentimental, je l’emmènerais avec moi hors d'ici. Mais n'exagérons rien...

Je soupire et fais du sur place. Si excitant. Et maintenant ? La nuit risque d'être longue au point où j'en suis. Pourquoi ne pas quitter ? Bonne question. J'attends. Aucune idée qui et pourquoi. Encore plus lasse, je décide de m'éloigner du parfum agressant des grandes dames près de moi. Je perçois le regard attristé de celle à qui j'ai offert un sourire un peu plus tôt. N'ayez crainte, damoiselle, je vous épargne mon sarcasme dérangeant et mon humour noir. Je n'ai aucun regret à quitter ma position pour me rendre plus près de la fenêtre du fond, là où une table bordée d'assiettes rutilantes et vomissant des crudités était placée. Mon bras s'étire pour se saisir d'un pichet en verre à moitié rempli de bière. Je m'en verse un verre - même si je n'ai aucun lien avec la famille, de tout façon il semble bien que tous sont invités aux festivités - et je bois lentement. Je termine et je fais mes adieux à ce pub. Il est certain que je ne perdrai plus une seule seconde de mon temps ici. Encore quelques minutes, et ensuite je quitterai le cirque. J'étais venu dans l'espoir d'avoir un peu de tranquillité.

Raté.

Jesse & Zéphyr

« SUUURPRISEEE. »

CRÉDIT - CSS

Mais quelle journée de … « Oui, Allo ? […] Bonjour madame, je vous appelle pour l’offre d’empl […] Ah d’accord, hé bien merci. Passez une bonne fin d’après-midi, au revoir. » C’était la neuvième fois que je prenais le téléphone, composé un numéro et demandait si la place à pourvoir était toujours libre, et à chaque fois c’était la même réponse « Désolée mais la place a été prise … » Ouais bha Ok, mais dans ce cas là tu l’enlèves ton annonce …
Et voilà que je me mettais à m’énerver tout seul dans ma petite maison qui résonnait encore de part son absence de meuble et surtout de vie mise à part Gnocki, mon chat, Bubulle mon poisson rouge et moi-même. J’avais besoin de compagnie, mais je n’étais absolument pas prêt à prendre une colocataire, ce n’était pas moi ça. Le loup solitaire, vous savez ce que c’est ? C’est presque moi tout craché, j’ai bien dit presque, car j’adore la compagnie des gens, avoir des amis, mais il y a un certain moment de ma journée, de ma vie, où il ne faut pas venir me casser les pieds. C’est comme ça. Un vieux grincheux. Enfin, vieux …

Je jetais une nouvelle fois un coup d’œil aux annonces faite sur le net. Gnocki ne cessait de me lancer des regards interrogateurs alors que mes doigts fusaient sur mon clavier, tapant à une vitesse folle. Son miaulement vint interrompre ma recherche, je le regardais avec mon regard lui intimant de se taire à moins de vouloir prendre un petit bain –ce qu’il détestait par dessus tout- mais il baissa la tête en direction de son estomac. Merde ! J’avais encore une fois oublié de lui donner son repas du midi. Quelle honte négliger ainsi son meilleur compagnon, mais j’avais été pris par tous ces appels. Aussi vite qu’une tornade, je lui sortais sa boite de pâté du frigo, me saisissais de sa petite écuelle, versais le tout à l’intérieur et réduisais le bloc compact en bouillie –pour ne pas que ça le constipe. Toute une histoire entre lui et moi, je vous le dis. Puis je me jetais sur l’aquarium de Bubulle. Je fus horrifié en le retrouvant couché sur le dos. Ne réfléchissant pas une seule seconde, je plongeais la main dans l’eau, saisissant le poisson le plus délicatement possible prêt à lui faire un massage cardiaque dans l’eau, mais ce dernier ne me laissa pas le temps et fila entre mes doigts. « Espèce de petit couillon. » Je lui versais quelques granules tout en lui faisant les gros yeux. Moi ? Fou ? Ah […] Oui peut-être. Ma famille m’avait rendu fou, mon Loup intérieur que je sentais vibrer à chaque instant, et le monde entier me rendait fou.

L’attente fut si longue que je cru même que personne n’allait me répondre, alors que j’allais raccrocher, j’entendis une petite voix fluette me dire « Allo », je ripostais aussitôt, vif : « Oui, Bonjour Madame. Je vous appelle pour savoir si votre poste de serveur est toujours libre ?! »

Le Grill. Voilà où j’allais travailler à présent. La femme au bout du fil ne m’avait pratiquement pas laissé finir de parler qu’elle me disait de passer ce soir, vers les environs de six heures trente, sept heures. Parfait. De toute façon j’étais prêt depuis une heure. Je n’étais encore jamais venu au Grill. C’était un endroit assez banal mais je savais qu’il se passait beaucoup d’histoires ici, tous les jeunes devaient s’y retrouver. Les fêtes devaient se dérouler ici même. Il faisait également Pub pour les adolescents. Car il fallait bien l’avouer, Mystic Falls n’était pas une très grande ville, la discothèque la plus proche devait se trouver dans la ville voisine.

J’étais pris. Quoi de mieux ?! Surtout que le job de serveur n’allait pas être très contraignant. J’allais pouvoir faire des rencontres et j’étais assez heureux. De plus, une rentrée d’argent n’était pas du tout à négliger. Alors que je commandais un verre au bar, avisant d’aller me poser à une table ensuite, je crus voir un visage familier, très familier. Mon cousin se trouvait ici même. Etait-il invité à la fête qui se déroulait en ce moment même ?
Moi qui étais venu à Mystic Falls pour lui faire la surprise, ça tombait parfaitement bien. D’un pas rapide je me rapprochais de lui, silencieux. Juste derrière lui, j’émis un léger raclement de gorge « Rhumm. » J’étais heureux de voir un visage familier.

Certaines personnes ont des limites, d'autres non. Et encore, beaucoup ne s'en préoccupent pas. La vraie question est : comment définir la limite d'une chose ou d'un acte alors que cette dite limite est différente pour chacun d'entre-nous ? Si nous y pensons franchement, doit-on en conclure que tout acte est saint puisque la personne l'ayant commis crois sincèrement que c'est la limite du supportable ? La limite du supportable pour quelqu'un peut être le débordement de limite pour un autre. C'est à n'y rien comprendre mais voyez ma logique. Pourquoi je pense à ça maintenant ? Si vous trouvez la réponse je vous donne un biscuit !

En réalité, je crois que cette pensée profonde - et totalement inutile - m'est venue à l'esprit au moment où mon regard s'est accroché à un homme tout près de moi. Il a environ une quarantaine d'années en apparence et visiblement, il a bu tous les fonds de bouteilles qui se trouvent à proximité puisqu'il est bourré. Au moment où il s'est mit à rire, son dentier s'est éjecté par lui-même de sa bouche et a atterrit dans le bol de punch. Bon, moi à sa place, j'aurais reprit mon dentier en troisième vitesse et décampé de la place. Mais non, pas lui. Lui il est resté planté comme un piquet à rire - non je ne vous dit pas à quoi ça ressemblait, ce serait vulgaire - pour ensuite plonger sa main en entier dans le bol. Vous savez quoi, je ne prendrai pas de punch ce soir. Dieu seul sait si il ne s'est pas gratter le vous-savez-quoi avant de la foutre dedans. Tout ça en revient à dire que : les gens n'ont vraiment aucune dignité. Je ne vous parle pas de ce que je vois chaque jour, même chez les plus sobres !

J’essaie de gribouiller rapidement quelques notes dans mon carnet que j'ai sortie de la poche intérieure de mon veston il y a quelques secondes, mais la concentration n'y est pas. J'ai contacté un éditeur il y a une semaine et il est prêt à lire mon manuscrit une fois que je l'aurai terminé. Je lui ai faxé quelques pages pour lui donné une idée générale et il semble que ça lui a plus. Je vais bien finir par trouver de l'inspiration. Si je me concentre sur pépé et son dentier à la dérive entre deux morceaux de limes, je devrais trouver de quoi écrire un roman de terreur complet ! Non sérieusement, je crois que je devrai attendre mon retour à la maison, ce qui m'exaspère vraiment puisque j'avais l'intention de terminer le premier chapitre ce soir. Calant d'un trait le reste de ma bière, je dépose mon verre vide sur la table et range mon calepin dans ma poche. Au moment où je relève mon visage, une jeune femme est venue prendre place sur la chaise à côté de moi. Je ne la connais pas et j'ignore complètement pourquoi elle me regarde avec un sourire aussi... disons niais ? Juste d'un simple regard, je peux dire qu'elle est aussi ivre que papy et si elle ne perd pas son dentier - aussi jeune, je ne crois pas qu'elle en ait un - alors elle perdra sa robe. La façon qu'elle a de jouer avec sa bretelle, j'imagine que le taux d'alcool dans son sang la rend " fiévreuse ".

- Saaaaaaalut mon choux, tu permets que je m'assois à côté de toi ?

Puisque je n'ai visiblement pas le choix de lui répondre...

« Saluuuuut ma courgette, tu permets que je te dise qu'il est trop tard pour te répondre, tu es déjà assise ? »

Je sais, c'est mesquin et ça ne me ressemble pas. Enfin si. Lorsque je suis épuisé ou que je veuille avoir ma tranquillité. Elle tombe mal... Je lui sourit, elle se met à rire. Pas de bol, vraiment. Elle compte rester collé à sa chaise.

- Tu es un plaisantin, hein ! J'aime les hommes qui ont le sens de l'humour !
« Hmmm... le problème c'est que je n'aime pas faire de l'humour. »

Pendant un bref instant, je crois qu'elle saisit mon message mais non. Elle se remet à rire et à triturer sa bretelle. Pitié, aidez moi. J'esquisse un sourire forcé au moment où j'entends quelque chose derrière moi. Je me tourne pour voir de qui il s'agit et mes deux yeux deviennent aussi ronds que deux œufs à la coq qui ont cuit trop longtemps !

« Heeey ! Mais qu'est-ce que tu fabriques ici ?! J'y crois pas ! Espèce d'andouille ! Pourquoi est-ce que tu ne m'as pas téléphoné pour me dire que tu te ramenais à Mystic Falls ?! »

Ma bonne humeur est revenue au galop, au point que j'en oublie courgette qui s'impatiente à mes côtés. Je me lève et lui fait une accolade. C'est mon cousin, il m'a vachement manqué. D'ailleurs ça ne prend pas un QI élevé pour remarquer à quel point je suis ravi de le voir !

« Tu parles d'une surprise ! Je suis vraiment content de te voir ! On boit un verre ensemble pour célébrer nos retrouvailles cousin ? Allez, c'est ma tournée ! Tu prends ce que tu veux et le nombre de verres que tu veux ! »

Sans plus accorder d'attention à miss chaudasse, j'entraîne mon cousin vers le comptoir à alcool et demande au barman de nous amener sa bouteille de son meilleur Jack Daniels. Oui, je suis loyal à mon ami Jack ! Alors que j'attends ma commande, tout souriant, j'invite Zephyr à poser ses arrières sur le tabouret à côté du mien.

« Bah allez, raconte ! Je veux tout savoir ! Qu'est-ce qui t'a décidé à venir ici ? Tu comptes rester longtemps ? »

C'est super. Vraiment. Zephyr est pratiquement le seul membre de ma famille avec qui j'ai une bonne relation. Quand on y pense, dans un sens c'est désespérant.